MANIFESTE 

 

« Il court même le risque de voir un jour l’élément matériel écrasé par l’élément conceptuel. »
— Alois Riegl, L’Industrie d’art romaine tardive (1901), en parlant de l’art moderne.

 

Depuis des décennies,
l’art parle le langage des universités.

L’Académie a disparu.
L’intellectualisation a pris sa place.

On valorise le concept.
On encense le contenu.
On explique au spectateur ce qu’il doit voir,
comprendre, ressentir.

Mais une œuvre d’art n’est pas un simple véhicule d’idées.
Elle est l’expression matérielle de l’indicible.

Ce qui compte n’est pas tant le « quoi » — le contenu —
mais le « comment » :
comment la matière ouvre un passage
de l’invisible au visible.

Mes médiums sont mes portes d’entrée :
La tempera m’enseigne la patience.
L’encaustique m’ouvre à la perception haptique.
Le pastel sur surface abrasive célèbre la spontanéité.

Peindre,
c’est donner corps à ce qui ne peut être traduit par des mots.