Après douze ans comme ingénieur, je me suis orienté vers les arts plastiques.
J’ai commencé par faire exclusivement du portrait. Pourquoi ? Parce que le portrait représentait pour moi une grande difficulté. Et, pour citer Sri Aurobindo, la raison d’être d’une difficulté est de nous faire évoluer.
Fidèle à ce principe, j’ai choisi d’expérimenter différents médiums. Je travaille la tempera sur gesso traditionnel, l’encaustique, le pastel sur surface abrasive et l’aquarelle. Aux portraits se sont ajoutés natures mortes et paysages.
Qu’importe le sujet, après avoir terminé un tableau, souvent, je découvre des éléments – animaux, personnages – qui s’imbriquent dans la composition. Curieusement, ces formes n’ont rien à voir avec le sujet que j’avais voulu représenter au départ. C’est comme si mon inconscient se manifestait à ma conscience.
Animé par la volonté de comprendre, j’ai mené parallèlement une recherche sur le conflit entre abstraction et figuration et sur l’esthétique comme science de la forme. Au cœur de cette recherche : les arguments de Picasso contre l’abstraction, la force des écrits de Worringer en sa faveur, et l’interprétation de Riegl sur l’évolution des arts plastiques depuis l’Antiquité.
Cette recherche, bien qu’elle m’ait isolé des circuits officiels, demeure pour moi une expérience stimulante et enrichissante. Elle a pour but de fournir de nouvelles clés pour lire l’art actuel : non seulement comme une aventure individuelle, mais comme une réflexion lucide et critique sur la société contemporaine, ses crises et ses transformations.